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Ladies & Gentlemen

En partenariat avec ARTEMISIA

2018

Lorsque le dodo s’intéresse à la question des normes et des constructions sociales qui l’environnent, il comprend qu’elles définissent nos comportements et nos manières d’agir, tout en nous dictant ce qui est présupposé comme normal pour un homme ou pour une femme. Au sein de la société dans laquelle les dodos évoluent, les objets qui les environnent sont, eux aussi, soumis à l’influence des constructions sociales. C’est pourquoi les dodos ont pu observer une bi-catégorisation de genre au sein des objets qui nous construisent, notamment dans l’éducation des plus petits, que ce soit chez les enfants comme les professionnel.le.s de la petite enfance. Avec la volonté de sensibiliser ce public aux stéréotypes de genre, le dodo Brendan a réalisé deux projets en partenariat avec l’association Artemisia.

Le constat

Se poser la question du genre en design était un moyen pour les dodos de questionner les normes et les constructions sociales qui nous environnent. Dans la société dans laquelle nous évoluons, nous ne pouvons grandir sans y être un jour confrontés, notamment au travers des objets. Qu’est-ce qui nous permet de dire qu’un objet est féminin ou masculin ? Comment cette catégorisation impacte-t-elle la perception que nous avons de ces objets ? En quoi est-elle performative et comment influence-t-elle notre comportement ? 

Ces différentes questions sont à la base d’une recherche théorique en design ayant pour objectif de déterminer comment la question du genre interagit avec les processus de création du designer. Ces recherches m’ont permis d’établir une série de constats et de leviers pour entreprendre une pratique plus respectueuse et soucieuse des inégalités et recherchant une neutralité de genre. 

Ces constats sont les suivants : notre perception est influencée par des normes et constructions sociales, ce qui a pour conséquence de conférer un genre aux objets qui nous entourent ; le marketing utilise de façon exacerbée les stéréotypes de genre afin de mieux vendre ces produits ; les stéréotypes ont tendance à se transmettre et sont également la source de préjugés ou de violence. Les projets proposés ont alors pour intentions de contrecarrer les stéréotypes de genre, d’encourager l’émancipation des normes de genre et d’apporter une plus grande liberté aux usagers. Cela passe, selon moi, par une recherche esthétique du Neutre qui exploite l’idée de nuance et aide aux développements d’une posture éthique et responsable.

« Je ne plaide pas pour une impossible connaissance exhaustive et prédictive, mais pour une forme de sensibilité forte, empathique, qui, s’appuyant sur le genre pour déployer la différence, pose et conduit le projet dans un espace pluriel. »

SCHNEIDER, JEAN, [Des] ordre [s] du discours: in Le design: essais sur des théories et des pratiques, sous la direction de Brigitte Flamand, p. 234

Artemisia

Pour questionner la relation entre design et genre, les dodos ont eu la chance de collaborer et de s’investir dans une association toulousaine, nommée Artémisia. 

Artémisia est une association spécialisée sur la promotion de l’égalité hommes/femmes, filles/garçons à tous les âges de la vie, par l’utilisation de différents modules de formation et pour des publics divers, allant des professionnel.le.s de la petite enfance aux acteur.e.s des collectivités territoriales.

 

Les projets imaginés s’intègrent plus particulièrement dans l’un des programmes de l’association : Égalicrèche : filles et garçons sur le chemin de l’égalité. Égalicrèche a été développé en 2013-2014 grâce à plusieurs partenariats institutionnels dont la Mairie, la Région, la Caisse d’Allocations Familiales (CAF), le Conseil Départemental de Haute-Garonne et grâce à des réserves parlementaires, ainsi qu’au soutien d’élus. Ce programme est né du rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) sur l’égalité entre les filles et les garçons dans les modes d’accueil de la petite enfance, dont la préconisation principale était de sensibiliser l’ensemble des professionnels de la petite enfance à la socialisation sexuée. L’objectif d’Egalicrèche est de déconstruire les stéréotypes de genre chez les professionnel.le. s de la petite enfance. Au-delà de la lutte contre les stéréotypes de sexe, l’objectif d’Égalicrèche est d’offrir les mêmes chances de développement aux petites filles et aux petits garçons, de prévenir les violences sexistes dès le plus jeune âge et d’encourager au respect de l’autre. Il est donc crucial que les personnes qui travaillent auprès des tout petits prennent le temps d’interroger leurs pratiques professionnelles. Cela suppose de les former pour qu’elles ou qu’ils, soient capables de repérer les inégalités à l’oeuvre dans l’organisation et le fonctionnement de la crèche, notamment à travers les jouets, les illustrations et d’agir pour un développement plus équitable. En nous basant sur le programme Egalicrèche, nous nous sommes posés la question suivante : 

 

Comment le design peut-il devenir, pour l’association, une valeur ajoutée dans la déconstruction des stéréotypes de genre chez les professionnel.le.s de la petite enfance et chez les enfants eux mêmes ? 

 

Nous avions alors pour objectif de renforcer les actions de sensibilisation de l’association à travers les intentions citées précédemment. Cette hypothèse nous donnait la possibilité d’agir sur de nombreuses cibles, de l’enfant aux professionnel.le.s, tout en ouvrant un vaste champ des possibles quant au domaine de réponse ; nous pouvions opérer cette sensibilisation en questionnant les produits au travers des jeux et jouets pour enfants, l’espace et la mixité des espaces, ainsi que le graphisme et la représentation des stéréotypes dans les différents lieux d’intervention.

Cette recherche a conduit à la proposition de différents outils pour l’association.

Jeu de cartes

Le premier projet est un générateur d’histoire revisitant le conte de Boucle d’or et des trois ours. Composé de 30 cartes et de 10 supports à histoire. Le conte est ici décomposé en 10 scènes, et chaque scène est illustrée par trois occurrences possibles, trois variations de l’histoire possible.

Le principe du jeu est simple, les enfants racontent ensemble l’histoire de boucle d’or, en choisissant tour à tour, l’illustration qui illustre selon eux la scène. Ainsi l’histoire n’est jamais identique et l’expérience peut se répéter à l’infinie. Boucle d’or peut-être un garçon habitant un petit village et souhaitant s’aventurer à la plage, ou encore une petite fille habitant dans un appartement toulousain… 

Ce jeu est animé par un membre de l’association et au dos de chaque scène des questions sont suggérées au maître du jeu pour soulever les éventuels stéréotypes présents dans le choix des enfants. Il s’agit ici d’utiliser une histoire d’ores et déjà stéréotypée pour faire de ce jeu un support d’échanges et de débat propice à la prise de parole, au développement des imaginaires et permettant de favoriser une prise de conscience des stéréotypes de genre présents dans les contes pour enfants, mais aussi dans notre quotidien.

 

Ce jeu à l’avantage d’être utilisé sur différents publics, aussi bien auprès des enfants qu’en compagnie des professionnel.le.s eux mêmes.  

Déguisements

Le second projet est un projet combinant la création d’un espace de jeu libre non genré et la production d’une série de déguisements permettant d’ouvrir sur un large panel d’univers. Ce projet à pour vocation d’être implanté dans un espace de jeu recevant du public comme les ludothèque. Il vise ainsi une catégorie d’enfant plus âgées (de 6 à 10 ans environ). Pour ce projet le genre est pensé comme une performance et nous nous appuyons sur ce postulat pour revisiter les jeux de rôle et les déguisements pour enfants. 

 

 L’objectif étant de bousculer les stéréotypes de genre présents dans les jouets pour enfants et d’encourager la libre expression de nos imaginaires. Ces déguisements sont accompagnés d’éléments de mobilier permettant à la fois de favoriser la mixité des espaces dans les lieux de garde, mais aussi de permettre aux enfants l’acquisition d’espaces d’intimité nécessaires à la construction de soi. Ainsi, ces différents panneaux de feutrine font à la fois office de maison, colline, vague ou encore dune de sable, tout en représentant pour les enfants des espaces à l’abri des regards pour se changer et se transformer en un nouveau personnage.

 

Concrètement ce projet est constitué d’une vingtaine de déguisements n’affichant qu’un minimum de signes possible. On y retrouve : chemises, vestons, capes et diverses pièces de tissu dont le nom et l’usage sont laissés à la libre interprétation des enfants. Sur chaque pièce de tissu, un simple cercle de velcro permet à l’enfant d'associer aux déguisements un jeton brodé lui permettant de s’ancrer dans l’univers de son choix. Ce jeu était initialement imaginé pour permettre aux enfants de s’approprier différents corps de métiers en occultant la notion de genre. L’imagination des enfants a transcendé cet objectif et fait de ces déguisements une source inépuisable d’histoires à endosser. Histoire où l’on peut retrouver un pirate/ballerine partant à l’aventure aux côtés d’une super-médecin à travers un monde imaginaire fantastique.

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